27 août 2014

À TOUS LES ASPERGERS NON DIAGNOSTIQUÉS


Qui suis-je? Question facile et évidente: je me sais, 

Mais... Que suis-je? Le Mouton noir, "l'originale" , celle qui ne fait comme les autres, l'exclue. 

Pour les amies, mes étrangetés sont affectueusement expliquées par le fait que " C'est Lyne!"  et ca dit tout. :-)

Mes échanges avec plusieurs adultes aspergers, d'abord pour m'aider à mieux comprendre un avenir plausible pour mon fils. Et mon grand plaisir de leur conversation. La rencontre avec quelques uns d'entre eux, et l'amitié sincere qui en naquit.. Mon sentiment d'être à ma place. Et prendre un si grand plaisir a leur compagnie. Fascinant, cette réciprocité...  Des petts cailloux que la vie laisse et qui attirent mon attention comme la fleur, le papillon. 

Malgré un diagnostique négatif il y a quelques années,  le doute reste... Persistant. Titillant. Par moment, envahissant: Et si j'en étais?

Je vous partage cette merveilleuse réflexion de Jean Michel Devezeaud.:





"Je suis très touché par plusieurs témoignages sur le groupe Facebook "Nous les Aspergers", où on voit bien dans quels tourments se trouvent ceux qui n'ont pas la chance (parce qu'il s'agit vraiment de chance dans certains cas pour accéder à un professionnel compétent en matière d'autisme) d'avoir un diagnostic.

Ce qui fait très peur aux aspies non-diagnostiqués, c'est le fait de ne pas être sûr, la peur de se faire des illusions, le sentiment de ne pas être légitime, de se tromper, de ne pas assez s'y connaître en psycho pour être certain, ou le manque de confiance en soi typique des aspergers va jouer un rôle écrasant. Mais on n'est pas tous asperger de la même façon, il y a des nuances. Et puis, les aspies non-diagnostiqués, en écrivant, en se confiant, voient les autres, diagnostiqués, valider ou pas ce qu'ils disent. C'est un début de communauté et c'est la communauté qui valide ou pas, implicitement, la qualité d'asperger chez une personne. Si on ne dit rien, c'est que tout va bien !!!

Il faut souvent du temps, parce qu'il ne suffit pas d'avoir souffert d'exclusion durant l'enfance pour dire "c'est un(e) aspie !" Mais si on s'intègre parmi les aspergers, sans décrocher au bout de plusieurs mois, et qu'on évolue même, dans ce milieu atypique, en y prenant de plus en plus d'assurance, pour moi ça vaut un diagnostic officiel.

J'ai connu l'errance diagnostique pendant plus de 20 ans. J'ai envisagé plusieurs pistes, jamais satisfaisantes à long terme. Depuis mon diagnostic d'asperger, ma quête a pris fin et ma vie a commencée. Si on se stabilise dans cette idée qu'on est asperger, si c'est apaisant, c'est plutôt un très bon signe ! Si on ne l'est pas, ou si on a un trouble associé, on aura besoin d'aller chercher encore ailleurs. Je sais que rares sont les aspergers qui ont assez confiance en eux pour pouvoir se permettre de ne pas avoir besoin d'un diagnostic officiel. C'est une exigence intellectuelle assez typique des aspergers, bien qu'elle ne soit pas systématique, c'est quand même très courant.

Les aspergers se reconnaissent souvent entre eux j'ai l'impression, il y a une affinité, un courant qui passe, une facilité qu'il n'y a pas avec tout le monde. Je ne suis pas sûr que ce soit vrai dans 100% des cas, mais je l'ai souvent vu.

L'histoire du "vilain petit canard" est particulièrement parlante pour moi. J'ai voulu croire plus d'une fois que j'avais trouvé ma "communauté", les gens comme moi, mais sans jamais m'y intégrer vraiment. Et le jour où je rencontre les "cygnes", je ne voulais pas y croire.

Un dernier petit message, pour les personnes qui viennent en aide aux autistes ("portent secours aux autistes" seraient même plus exact vu la situation) : quand on est autiste, on l'est aussi avant le diagnostic. Soyez prudents."