25 nov. 2009

Bébé Thomas, ou la tendre jeunesse de mon petit extraterrestre

Tom est né en France, à Boulogne-Billancourt (9200) à quelques minutes de Paris. Bébé, il n'était pas actif: il ne faisait pas de son, ne bougeait pas beaucoup, n'avait presque pas d'expression. Vers 3 mois, je me suis un peu inquiétée: c'était mon 3e enfant, tout de même! Ce manque de communication n'était pas flagrant, mais pour moi, il était évident. Il dormait bien, mangeait bien, suivait bien la lumière, réagissait au son. Étrangement, son 1e réflexe lorsque l'on s'approchait de lui était de mordre nos doigts, et/ou de crier. Je me souviens aussi d'avoir écrit que lorsqu'il était éveillé et dans mes bras, il me regardait avec une telle intensité, insistance et profondeur que cela me mettait mal à l'aise. C'était comme le regard d'un vieil homme dans un petit corps de bébé... Et il ne souriait pas. J'ai parlé du comportement de Tom à mon pédiatre. Elle m'a dit simplement de lui donner du temps. Chose que j'ai fait.

Le temps a passé. Thomas a poursuivit son évolution presque normalement. Il s'est assis, tenu debout, marché à des âges normaux. Toutefois, il a gardé son langage de bébé jusqu'à son entré en classe et il crie souvent sans raison apparente encore aujourd'hui.

Tom a toujours été colérique. Tout petit, il avait tendance à se frapper le visage au sol à plusieurs reprises. À 18 mois (nous étions alors de retour au Québec depuis plus d'un an), il a débuté en garderie à fréquences de 3 jours semaines. Je travaillais alors comme pigiste et ces 3 journées me suffisaient pour réaliser mes contrats. Cela a été une catastrophe! Coups à répétition, violence, lancement d'objets, mordage... Il s'est calmé après 3 semaines de 3 journées rapidement devenues demie-journée (!) passées dans le parc dans la chambre, la porte fermée, la gardienne assise à côté...

À 2 ans, son frère aîné a quitté la maison. À 2 1/2 ans, c'est son père qui est parti. La combinaison de ces deux évènements sont fort probablement "l'élément déclencheur". Les crisent ont augmenté en fréquence, plusieurs fois par jour, et en intensité. Mes tentatives pour calmer mon p'tit Tom et le rassurer restaient vaines. En fait, quand Thomas se mettait dans cet état, plus je l'approchait, plus sa violence augmentait, jusqu'à me faire penser à une crise d'hystérie. Il était si petit, et si enragé! Je me suis alors vraiment inquiétée. C'était pour moi une évidence: mon bambin ne réagissait pas comme les autres. Il était différent...

J'ai à nouveau consulté mon pédiatre. Après quelques visites et examens, il m'a parlé d'enfants caractériels. Je ne savais pas trop.... mais c'était peut-être possible.... J'en avait déjà entendu parlé, un peu, comme ca, de façon lointaine et nébuleuse... alors, peut-être... Et j'ai fais la chose la plus difficile de ma vie! Sous les conseils emplis de bonne volonté de mon doc, j'ai posé un verrou sur la porte de mon fils de 2 1/2 ans, placée une chaise près de la porte, m'y suis assise, lui ai demandé toutes les 5 min chrono : "Tom, es-tu prêt à te calmer?" espérant désespérément entendre le "oui" libérateur qui ne venait, en fait, que 2h30 à 3h plus tard. Pendant ces longues minutes, j'entendais mon fils hurler, se frapper la tête et le nez par terre à se le faire saigner. Un soir, du sang a coulé sous la porte. Ce n'était que son nez, mais j'ai eu la peur de ma vie! Et ca été le dernier soir... pour lui comme pour moi!

À la visite suivante, mon pédiatre a annoncé qu'on ne pouvait poursuivre l'investigation plus loin tant qu'il n'était pas scolarisé. Et moi? Je devais faire quoi, en attendant? Restée là, à le regarder se faire du mal? Allons donc! Je me suis mise à lire sur toutes les pathologies psychologiques et psychiatriques qui me tombaient sous la main: de l'Enfant Roi (est-ce mon éducation?) en passant par l'Enfant Téflon, le Caractériel jusqu'aux Angoissées Aigus et la Schizophrénie. Mais voilà! Rien ne correspondait à ce que je voyais et vivais avec Tom.

Nos amis ont commencé à espacer leur visites; les invitations se sont raréfiées; la famille à cacasser, faisant étant en catimini de la mauvaise éducation de mon fils... Tout le monde avait sa petite idée...  Le jugement est si facile! Et les humains craignent et fuient ce qu'ils ne comprennent pas. Mon fils Lolo et ma fille commençait à souffrir de ces attitudes négatives... De moi-même, je n'osais plus sortir, craignant les réactions imprévisibles de Thomas et ne sachant les expliquer. Pour moi, la règle était claire: ne pas vouloir de Tom, c'était ne pas me vouloir, ni vouloir mes autres enfants. On est une famille, on nous prenait tous, ou aucun!

J'ai continué à chercher des réponses et à dire a ceux qui restaient près de moi que mon Tom n'était pas un mauvais garçon. Il était différent, et pour l'instant, je ne pouvais pas dire pourquoi. Tom avait alors près de 5 ans et je voyais son entré à l'école comme ce qui me livrerait la bonne nouvelle ou, du moins, stabiliserait mon petit extraterrestre! Je me trompais...


Photo: 3 mois - Boulogne-Billancourt, France

1 commentaire:

  1. Ma mère a connu ça aussi avec moi.
    De façon un peu différente, puisque chacun est unique, mais ça ressemblait.
    Et surtout les médecins ne savaient pas, ma mère s'est entendu dire entre autre qu'elle ne savait pas m'élever, que j'étais associale et qu'il fallait m'enfermer, que j'étais insoignable car je n'exprimais pas le problème...
    Je comprends pourquoi, le syndrome n'a été connu qu'en 1994! Mais tout ça n'a pas été simple à entendre ni pour elle ni pour moi, car même petite je comprenais tout si je ne disais rien. Et le mot "enfermer" je le connaissais bien il a toujours été une de mes plus grandes angoisses

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